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   Le Programme Pacis
    (Pour les Adolescents qui ont Commis des Infractions Sexuelles)
À PROPOS DE LA HONTE, DE LA CULPABILITÉ D'AVOIR AGRESSÉ SEXUELLEMENT

Habituellement, reconnaître que l'on a posé un geste en rupture avec les normes sociales s’accompagne d’un sentiment de culpabilité, de honte. Bien que le malaise ressenti soit fréquemment générateur d’une volonté de changer, d’apporter des correctifs comportementaux , il doit être manipulé avec doigté par l’intervenant.

Le sentiment de culpabilité, de honte peut être lié à l’impression de ne pas être congruent avec ses propres valeurs, ses propres normes. Il est cependant fréquemment relié à l'appréhension de la réaction des autres au comportement déviant, que ce soit la famille, les amis ou la réponse sociale dans son ensemble. Ceci est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit d’adolescents.

Selon nous, ce n’est pas la tâche de l’intervenant de faire savoir d’une façon ou d’une autre que les adolescents ayant eu des comportements inacceptables devraient ressentir de la honte, du remord, de la culpabilité. On doit plutôt les accompagner à remettre en question leurs mécanismes de protection (entre autres leurs distorsions cognitives) qui endiguent leur capacité à percevoir l’impact réel de leurs comportements sur autrui et leur appréciation d’eux-mêmes.

Il faut souligner aussi que la période de l’adolescence n’est pas un moment de grande empathie pour une bonne partie des adolescents. Durant cette période, souvent tumultueuse, ils sont fortement concernés par la construction d’une personnalité propre, par une différenciation d’avec le monde des adultes (et de leurs normes) et par des  besoins d’appartenance à un groupe de pairs (ce qui amène une forme plus ou moins radicale de discrimination face à ceux qui n’appartiennent pas au groupe) .

Si nous agissons d’une manière culpabilisante et que nous étiquetons leurs efforts pour se protéger de la culpabilité, de la honte comme étant un signe supplémentaire de leur déviance, de leurs mauvaises intentions, nous agissons de manière abusive dans un objectif thérapeutiquemais cela demeure malgré tout un abus de pouvoir.

Il faut donc manipuler avec dextérité toute intervention visant la confrontation ou la correction du comportement: la conformité à la réponse attendue est souvent la seule stratégie trouvée par l’adolescent pour survivre dans un contexte d’où il ne peut s’échapper.

D’un autre côté, une intervention de protection qui évite de reconnaître, qui minimise la honte et la culpabilité pressentie ou exprimée aura souvent comme effet paradoxal d’amplifier cette dernière.

L’art en cette matière sera donc de créer un contexte permettant aux adolescents d’affronter les gestes qu'ils ont posés et les sentiments difficiles qui en découleront, et ce, en protégeant leur intégrité personnelle tout en les aidant à nommer ce qui doit l'être.

Dans la plupart des situations, il devient donc important de reconnaître les signes révélant des sentiments de culpabilité et de honte, de permettre des espaces d’évitement, de ne pas répondre aux invitations de confrontation ou de correction tout en établissant un contexte basé sur l’équité qui permettra aux participants d’affronter graduellement leur comportement et le contenu émotionnel qui y est relié.